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L'Eure guerre de 1914-1918

De l’arrière vers le front, du front vers l’arrière : maintenir un lien

Le lien épistolaire

• Son propriétaire, Georges Bonjean, décrit les transformations réalisées par le commandant Seguin et le médecin-chef Lapellier afin de permettre l’accueil des blessés : « En face [des services bureautiques de l'hôpital], l'admirable laboratoire qui permet les examens radiographiques, bactériologiques, microscopiques, toutes les analyses…».

• Les hommes partis, la correspondance devient le principal lien entre le front et l’arrière. Les nouvelles données sont souvent brèves, en raison notamment de la censure qu’exercent les autorités militaires, mais elles maintiennent les liens affectifs et rassurent ceux qui sont restés à l’arrière. La correspondance joue un rôle d’autant plus important que les premières permissions ne sont autorisées qu’en 1915. En retour, dès que les positions militaires se fixent – soit à partir d’octobre 1914 – soucieuses du bien-être d’un fils, d’un époux ou d’un frère, les familles font parvenir au front des colis contenant vêtements et nou

• Marraines et filleuls de guerre. Les soldats originaires des départements envahis sont quant à eux totalement coupés de leur famille : très vite se mettent alors en place des œuvres de bienfaisance visant à les mettre en relation avec des femmes, des jeunes filles qui leur apportent le réconfort moral que leurs propres familles, elles-mêmes victimes de la guerre, ne peuvent leur procurer. Les marraines de guerre apportent également leur soutien aux soldats sans famille. Bientôt, les enfants également écrivent aux soldats : ce sont les « filleuls de guerre »

• Il ajoute que douze infirmiers dont un prêtre, ancien vicaire de Pacy soignent les convalescents.

• Le retour des blessés. Le nombre important de blessés dès les premiers combats ainsi que la perte de 62 000 lits d'hospitalisation en raison de l'occupation des départements du nord et de l'est contraignent les autorités militaires à installer des hôpitaux temporaires sur l'ensemble du territoire : à cette fin, demeures particulières, écoles, couvents, châteaux sont prêtés ou réquisitionnés par l'armée après avoir été examinés par une commission départementale composée d'un médecin, d'un officier d'administration et d'un architecte. Dans le Prieuré de Giverny enfin, une ambulance-hôpital de 14 lits est ouverte : c’est Claude Monet qui fournit les légumes pour le repas des blessés.

• Divertir les soldats. Á l'arrière, on se préoccupe du confort des soldats et de ses loisirs en temps de permission. Ainsi fleurissent au quatre coins du département des foyers de soldats tandis qu’au cinéma, des places leur sont réservées.

• Les sursis et permissions agricoles.Certains soldats restent à l’arrière ou y reviennent pour travailler. Afin de soutenir la production agricole, une partie des hommes de troupes-agriculteurs ou dont « la profession est de réparer les instruments agricoles et leurs accessoires ou d’assurer le ferrage des animaux » (circulaire préfectorale du 8 février 1917) bénéficient de sursis puis de permissions spéciales.

• « L’hôpital militaire 13 bis semble prendre une réelle importance » (Lettre de Georges Bonjean, 17 septembre 1914). Le château d’Orgeville est transformé en hôpital dès 1914 : il offrait alors 114 lits.

• Quelques jours de répit à l'arrière... Jusqu’en juin 1915, aucune permission n’est autorisée car on pense alors que la guerre sera courte. Mais, afin de soutenir le moral des civils et des soldats et de freiner la dénatalité, on instaure, à partir du 30 juin 1915, à l'instigation du maréchal Joffre, le régime des permissions. Elles restent cependant rares et brèves jusqu'aux mutineries de 1917. « les permissions accordées aux hommes du front ont produit la meilleure impression, elles ont rompu la longueur de l’attente et maintiennen la population dans sa confiance de la victoire finale.» (Rapport du sous-préfet des Andelys, 23 février 1916, 26 R 20). Les soldats retrouvent alors leur famille, renouent les liens affectifs avec leurs proches malgré, parfois, le sentiment d'être incompris : l'expérience vécue au front est difficilement communicable et les autorités déplorent parfois que l’état d’esprit des permissionnaires viennent saper le moral des civils.

• Louis Perdrix, maréchal ferrant à Boissey-le-Chatel. Louis Perdrix est né le 27 mars 1869 à Hautot-sur-Seine. Lorsque la guerre éclate, il est maréchal ferrant à Boissey-le-Chatel. Mobilisé du 10 janvier au 8 mai 1915, il est ensuite placé en sursis d’appel en raison de sa profession – laquelle le rend indispensable aux travaux des champs à l’arrière – jusqu’au 1er septembre 1916, date à laquelle il est de nouveau placé dans la réserve de l’armée territoriale. En juin 1915, il effectue une demande de prolongation de son sursis (devenue entre temps « permission » agricole) en vue des travaux de fenaison qui se profile : il est en effet le seul à Boissey-le-Chatel à exercer la profession de maréchal-ferrant.

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