Registre des rentes et revenus appartenant à la communauté des chapelains de l'église cathédrale d'Évreux, contenant l'indication des contrats de fondation et l'analyse des principaux titres y relatifs. Notes sur la fondation dite de la Bouteille, attribuée à Guillaume de Bouteille, ancien diacre et chanoine d'Évreux : « Le jour de Bouteille, le 28 avril, à midy, les chapelains se transporteront processionnellement à La Bouteille, hameau de Saint-Michel-des-Vignes, comme ils ont ordinaire de faire... Il fut jugé qu'il n'y aura aucune peinture dans le cœur de l'église le jour de l'obit de Bouteille, mais qu'il y aura au milieu du cœur durant les Vigiles et la messe de l'obit un drap de six pieds de long et trois pieds de large, auquel sera pour traité et figuré une croix et auprès d'icelle croix, aux deux coins du drap, seront figurés les armes dudit Bouteille en deux écussons, selon que ils sont en certaine verrière de la nef de la ditte église... Le chapitre se plaignoit de ce que les chapelains faisoient des folies, des excès, des extravagances dans l'église cathédrale aux fêtes de Noël et autres jours, surtout le jour de l'obit de Bouteille. Ce jour ils peignoient une grande bouteille qui occupoit tout le chœur d'un côté des stalles et de l'autre, son-noient en confusion toutes les grosses cloches ; durant l'office ils tournoient le dos à l'autel, une partie ne s'occupoit que de la peinture de leur bouteille, une autre partie étoit occupée à sonner, le chœur manquoit de supôt, les chapelains venoient d'introduire une nouvelle cérémonie, ils avoient fait une grande bouteille de cuir contenant environ 16 pots, sur laquelle ils avoient peint des marmousets, des serpents et autres bêtes, avec des inscriptions foies et extravagantes. Le chapitre, las de toutes ces extravagances, a deffendu très expressément par une ordonnance de laditte année 1462, punit même trois des dits chapelains en leur ôtant habit et office qu'ils avoient en laditte église, de manière que la bouteille ne fut point peinte cette année le jour de l'obit, c'est-à-dire le 28 avril. Mais, tandis que le chapitre étoit en une procession générale en l'église des frères prêcheurs de la ville, les chapelains ou partie d'iceux, avec une troupe de vile populace, plus de cent, furent dans les tours de la cathédrale, à coups de marteau, de barre de fer cassèrent, brisèrent et forcèrent les portes, les serrures, les verrouts, violentèrent les sonneurs, menaçoient de les jeter du haut en bas, s'emparèrent des cloches, sonnèrent sans ordre, sans mesure, en confusion, l'espace de trois heures ; les sonneurs restèrent durant ce temps dans le clocher, ne pouvant pas descendre, étant au-dessus des cloches et en danger de péril ; cette populace furieuse les menassoit encore de tuer les sonneurs et d'abatre leur maison ; le chapitre en portèrent leurs plaintes à l'Échiquier et obtinrent un mandement adressé au vicomte pour informer... », etc. (Don Duvarnet, 1885.).