Description en vers français de l'église de Gisors, manuscrit très détérioré contenant dans son état actuel environ 2,200 vers. Des feuillets manquent au commencement et à la fin du registre. La première page contient une dédicace de l'auteur, « A. Dorival, gisorcien », adressée à un ancien curé de Gisors Ce poème descriptif, malgré son style bizarre et ampoulé, offre un grand intérêt, l'église de Gisors étant un des édifices religieux les plus complets et les plus riches en sculptures qu'ait produits l'art de la Renaissance. Les extraits ci-après sont tiré des descriptions du grand portail Ouest et du portail Nord : Or le plus grand des trois, qui n'a point de pareil, Tourne son frontispice au coucher du soleil. Là sur un pieddestal l'image Nostre Dame Pour sa perfection semble loger une âme. La sibille Libique eslevée au dessus Porte un livre entrouvert où de l'enfant Jésus La naissance est promise ; et les belles figures De Moyse et David, ornées d'escritures, Sont de chacun costé. Leur grave et doux aspect Rend ce portail plus riche et digne de respect. Les saints Mathieu, Luc, Marc, Jehan, autheurs véritables Des escris contenus en cahiers vénérables, Donnent un pareil lustre et raille autres beaulez Décorent son grand arc de leurs diversitez. Sous un cintre semé de cherubs (sic ?) et de roses, Le chef sur une pierre et les paupières closes, Se repose Jacob qui de la terre au ciel Voit une eschelle atteindre et au bout l'Eternel, Les anges descendans et remontans encore Vers la Divinité que tout esprit adore, D'où pieux il s'esclame : « Ha ! vrayment, ce saint lieu Est la porte du ciel et la maison de Dieu. » Au fond d'un plus haut cintre où la docte sculture En grotesque arabesque imite la nature, Les armes de nos Rois où le lys est doré Sur le céleste asur le rend plus décoré, Joint deux vieillards assis, l'un assisté des anges, L'autre, de deux lions en postures estranges... Vers le septentrion l'autre tourne sa face, Qui n'a moins de beauté, de majesté, de grâce. L'on ne voit, quand Phébus loge chez le Bélier, Tant de fleurs dans les prez, aux zéphyrs plies, Ou, quand plus haut monté, au haut lyon il passe, Tant d'espies recourbez vers cette lourde masse Que l'on voit de beautez dispersez en destail, Les rares ornemens de ce riche portail. Les chapiteaux à jour, à la moderne guise, Travail laborieux, l'hiérogliphe et devise Des saisons et des mois, où de belle action Chacun pourtraict humain fait une fonction. L'un cultive la terre et l'autre l'ensemence, L'un foule le raisin, quand l'automne commence, L'autre d'une fausille atterre les moissons Et d'un autre costé, le nez dans les tisons, Un viellard se réchauffe et monstre en sa figure De cadet fils de l'an l'importune froidure...