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De Giverny, coqueluche des peintres Américains au Moulin d'Andé, refuge des artistes de tous horizons, en passant par château Gaillard, symbole de la puissance anglo-normande ; de la rédaction des coutumes normandes au XIIe siècle à la dernière visite présidentielle en passant par le célèbre discours d'Évreux, les événements, lieux et personnages marquants de l'histoire euroise, normande et nationale ne manquent pas. Pourtant qui se souvient qu'ils ont eu lieu dans l'Eure ?

 

Voici une sélection de 27 morceaux d'histoire de notre département, qui dessinent les contours de son identité.

Taurin
Les paroles volent, les reliques restent

Vers 960, Richard Ier ordonna la fondation d'une abbaye à Évreux, en souvenir de la communauté de clercs qui desservait le sanctuaire de Taurin, fondateur légendaire de la ville. La confection de son cartulaire au XIIIe siècle en marque la consécration. Il s'ouvre sur la copie de la grande charte de confirmation donnée par Richard Cœur de Lion

Raoul de Tosny
Porte-étendard du Conquérant

Raoul de Tosny, l'un des compagnons de Guillaume le Conquérant, à ses côtés sur le champ de bataille de Hastings, était possessionné dans l'Eure. Il protégea et dota des abbayes euroises, parmi lesquelles celle de La Croix-Saint-Leufroy comme l'atteste ce document.

Charles II
Roi de Navarre et comte d'Evreux

Mandement de Charles de Navarre, roi de Navarre et comte d'Évreux à son trésorier, de payer une dette à un bourgeois d'Évreux (janvier 1375). E 247, fonds du comté d'Évreux
Charles de Navarre pâtit de la légende noire du grand féodal jaloux de son indépendance face aux rois de France, garants de l'unité de la nation. Pourtant, descendant de Saint-Louis, il s'intitule, à l'instar des rois de France, roi de Navarre « par la grâce de dieu » comme on peut le lire sur ce mandement.

La famille de la Tour d'Auvergne
De Sedan à l'Elysée...en passant par Evreux

Portrait de Louis-Henri de La Tour d'Auvergne, comte d'Évreux. Gravure d'après un portrait par Hyacinthe Rigaud (XIXe siècle) 020 Fi 260
Au point de convergence, entre Sedan, l'Élysée et Évreux, il y a Louis-Henri de La Tour d'Auvergne : fils de Godefroy-Maurice de La Tour d'Auvergne, devenu comte d'Évreux à la suite de l'échange de sa principauté de Sedan avec le roi, il fit construire à Paris, l'hôtel d'Évreux, actuel Palais de l'Élysée.

Lottin de Laval
L'Oriental de Menneval

Avant de fonder le musée des Beaux-Arts de Bernay, Victorien Lottin de Laval arpenta l'Italie et l'Orient, pour des voyages d'étude dont il ramena, grâce à un procédé de son invention, la lottinoplastie, d'innombrables moulages d'inscriptions antiques– aujourd'hui partiellement conservées au Musée du Louvre –  sans endommager les monuments originaux. 

Eugène Janvier de la Motte et Jules Camus
Le préfet et le photographe

C'est grâce à une innovation technologique sans précédent pour l’époque – la photographie – que Jules Camus, responsable de l'atelier d'imprimerie  de la préfecture, immortalisa, à partir de 1861, les lieux emblématiques du département, à l'instigation du préfet Janvier de la Motte.

Léon Coutil
La préhistoire, c'est son dolmen

Extrait d'un album de photographies, dessins et gravures sur les monuments mégalithiques de Normandie par Léon Coutil (XIXe-XXe siècles) 1 J 118
On doit à Léon Coutil (1856-1943) un certain nombre de découvertes archéologiques parmi lesquels le théâtre antique de Noyers-sur-Andelys. Pionnier de l'archéologie préhistorique normande, il fut également le fondateur, en 1905 du musée des Andelys.  

Georges Veuclin
8 BP

Dans l'Eure, pas de place ni de rue à son nom. Pourtant, Georges Veuclin, fondateur du premier journal radioamateur, est mondialement connu. En 1924, il créé en effet le Journal des 8, qui permet aux radioamateurs d'échanger entre eux.

Portrait de Georges Veuclin devant son installation de radio (vers 1923-1937) 62 J 3

Pierrette Greffier
Matricule 20 MEU 2002

Notes de Pierrette Greffier préparatoires à ses interventions dans les écoles (XXe siècle) 181 J NC, fonds Pierrette Greffier
L'occupation allemande révolta Pierrette Greffier et la poussa très tôt dans les rangs de la Résistance où elle fut agent de liaison Franc-tireur et partisan français. Une fois la guerre terminée, elle engagea un autre combat : celui de la mémoire, en se faisant, dans les écoles, le témoin inlassable de cette période.

Giverny
U.S.A.

Après l'installation de Claude Monet, Giverny devint une destination incontournable pour les peintres américains. Mais une telle concentration d’étrangers représentait à l’époque, pour les autorités françaises et dans un contexte de rivalités internationales, un potentiel foyer d’espionnage : en témoignent ces rapports de police et de gendarmerie adressés au préfet de l'Eure.

Château Gaillard
Sur la frontière entre les royaumes de France et d'Angleterre

État et coût des travaux effectués notamment au « chastel gaillart et la geole d'andely » (XIVe siècle). 2 F 4049
Forteresse emblématique du conflit – structurant pour l'histoire de la Normandie – entre la France et l'Angleterre, Château-Gaillard constituait un élément défensif du complexe d'Andely. Sa silhouette escarpée est aujourd'hui un des symboles du département.

L'abbaye du Bec-Hellouin
"De quelque côté que le vent vente, l'abbaye du Bec a rente"

De sa fondation au XIe siècle à son retour au culte en 1948, l'abbaye du Bec n'a pas connu que des heures de gloire : favorisée par les ducs de Normandie, centre de rayonnement intellectuel incontournable, elle vit son destin bouleversé par la Révolution : en 1802, l'abbaye fut utilisée comme écurie pour les chevaux de l'armée napoléonienne.

Le réfectoire de l'abbaye du Bec, utilisé comme écurie (vers 1896). 47 Fi 77, fonds de la commission des monuments historiques

La colonie des douaires
Eduquer et punir

Au XIXe siècle, la ville de Gaillon fut le théâtre d'une innovation carcérale qui fut alors saluée comme une grande réussite, notamment en 1895, au Ve congrès pénitentiaire international : la colonie des douaires, destinée à accueillir les mineurs de justice. Elle ferma ses portes en 1925, après avoir accueilli plusieurs milliers de jeunes colons.

Le Sec-Iton
ou la "vallée sans rivière"

Classé site naturel exceptionnel depuis 2013, le Sec-Iton est une curiosité géologique (sur 9 km, l'Iton devient cours souterrain en raison de la nature crayeuse du sol que l'eau contribue à dissoudre pour créer des cavités dans lesquels elle s'engouffre) qui n'a cessé d'inspirer l'imaginaire collectif et l'intérêt des scientifiques. 

Le plateau de l'espace
Vers l'infini et l'au-delà

L’avenir de la conquête spatiale s’est longtemps joué sur les hauteurs de Vernon, où, à partir de 1946, une poignée d’ingénieurs et de techniciens allemands ayant travaillé à la conception du V2, à Peennemünde, base secrète du IIIe Reich, furent employés pour des recherches balistiques. Elles aboutirent quelques années plus tard en 1950, à la première fusée française, Véronique (contraction de « Vernon électronique »).

Demande de passeport de Karle Heinz Bringer, ingénieur (12 octobre 1949) 103 W 85

Cocherel
Le refuge d'Aristide Briand

Tombé sous le charme du village un jour de chasse où il s'était perdu, Aristide Briand, 11 fois président du conseil, 26 fois ministre et prix Nobel de la Paix 1926 pour avoir favorisé le rapprochement franco-allemand, fit l'acquisition progressive d'un domaine de 200 hectares à Cocherel. C'est là qu'il souhaita être enterré.

Les fausses inscriptions de La Chapelle-Saint-Eloi
Trop belles pour être honnêtes

1854. La Chapelle –Saint-Eloi. Un jeune homme, François Lenormant, fils d’un très sérieux professeur d’archéologie au Collège de France, rapporte à son père la découverte d’un paysan local : des pierres sur lesquelles il identifie des épitaphes. Il en conclut vite à la découverte d’un cimetière de la fin de l’Antiquité, une des plus grandes découvertes archéologiques de l’époque. Mais déjà des doutes se lèvent jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que les traces avaient été fabriquées de toutes pièces.

Le Moulin d'Andé
Consacré par le septième art

Extrait du plan parcellaire de la seigneurie d'Andé (1752) - 2 PL 9
Depuis la fin des années 1950, Suzanne Lipinska a fait du Moulin d'Andé le point de rendez-vous des artistes du monde entier : de Richard Whright à Clara Malraux en passant par François Truffaut qui y tourna quelques scènes de Jules et Jim,  tous y ont séjourné. Le Moulin demeure aujourd'hui encore un centre de création cinématographique et musical très prisé.

1206. La foire Saint-Nicolas

Afin d’assurer des revenus à la léproserie de Gravigny et d’accroître le prestige de sa capitale, Simon de Montfort, comte d’Évreux lui accorda,  dans la seconde moitié du XIIe siècle, un jour de foire fixé à Pâques puis à la fête de la Saint-Nicolas d’hiver, soit le 6 décembre. Bien qu’elle ne se tint pas sans interruption jusqu’à nos jours, on peut y voir l’origine de l’actuelle foire Saint-Nicolas.  

1429 ou 1879 ? La foire aux harengs de Lieurey

La légende, répandue dans la presse et les esprits, veut qu’un convoi de harengs ait été arrêté à Lieurey par les intempéries pendant l’hiver 1429. C’est là que  la foire aux harengs puiserait son origine. Mais à y bien regarder, l’affaire semble floue : tantôt le convoi est parti de Fécamp, tantôt de Pont-Audemer. On évoque même un mystérieux siège de Lieurey qui n’a jamais eu lieu… Dans les archives, aucune mention d’un convoi de harengs avant le XXe siècle : il semble bien que la légende soit fabriquée de toute pièce.

Tarifs de la foire de Lieurey, extraits du registre des délibérations du conseil municipal (1879). 366 EDT 3, fonds de la commune de Lieurey

1643. L'affaire des Possédés de Louviers

Page de titre de la copie manuscrite de L'Innocence opprimée ou défense de Mathurin Picard par Laugeois, 5 F 71

Le XVIIe siècle européen est émaillé d’affaires de sorcellerie dont les ressorts sont souvent plus politiques que réellement magiques. Parmi    les affaires les plus célèbres du temps, l’affaire des Possédés de Louviers défraya la chronique. On en entendit parler jusqu’au conseil du roi. Mathurin Picard, directeur spirituel des religieuses était accusé par la plus atteinte des sœurs, Madeleine Bavent, d’ensorceler les religieuses.

1715. L'attentat déjoué contre Jacques Stuart

Depuis la destitution du roi Jacques II Stuart en 1688 par la Glorious Revolution, la royauté française est devenue la protectrice des Stuart prétendants au trône d’Angleterre. Aussi, lorsqu’une crise politique éclata en Angleterre en 1715, l’héritier Stuart, réfugié en Lorraine, y vit une opportunité de tenter sa chance et de regagner son royaume. Une poignée de spadassins à la solde de l’Angleterre tenta de l’en empêcher alors qu’il était à Nonancourt : c’était sans compter le sang-froid et l’habileté de Suzanne L’Hospital, épouse du maître de poste qui parvint à mettre le Prétendant à l’abri.

« Jacques III sauvé par la maîtresse de Poste de Nonancourt » en 1715, Pisan (XIXe siècle) 021 Fi 695

1857. Assassinat au château de Jeufosse

Plan de la scène du crime, contenu dans le dossier de procédure en Cour d'Assises (1857)
Dans la nuit du 12 juin 1857, Jean-Baptiste Crépel, garde-chasse, tire sur Emile Guillot, venu rôder dans le parc du château de Jeufosse. Il est accusé de meurtre et Mme de Jeufosse et ses fils de complicité. Pourtant, à la suite d'une plaidoirie qui demeura célèbre, tout le monde fut acquitté. Le verdict de la Cour d'Assises fit jurisprudence et fut, à ce titre, étudié par des générations d'avocats.

1923. Le discours du Président Millerand à Evreux

14 octobre 1923, Alexandre Millerand, Président de la République, est en visite officielle dans l’Eure à l’occasion de l’inauguration du pont d’Andé. Mais ce qui demeura dans les mémoires ce jour-là, c’est surtout le discours de Millerand, dans lequel il se positionna pour le renforcement du pouvoir du Président de la République. Or, sous la IIIe République, la crainte du césarisme a confiné celui-ci dans un rôle limité et toute tentative d’en sortir est vue comme un viol de la Constitution.

1954. L'inauguration de l'église du Manoir-sur-Seine

La commune du Manoir-sur-Seine fut détruite, pendant la Seconde Guerre mondiale, à plus de 70%. En 1954, l’achèvement de la reconstruction de son église, l’église Saint-Martin marque une forme de renaissance. C’est à Pierre Dupont, architecte de la Reconstruction, que l’on doit ce bâtiment résolument moderne, dans sa forme mais aussi dans les matériaux utilisés : les pavés de verre et le béton.

  • Vues de l'église Saint-Martin du Manoir-sur-Seine : vue générale, le chœur et la verrière (vers 1954) 55 Fi NC, fonds Pierre Dupont


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  • Vues de l'église Saint-Martin du Manoir-sur-Seine : vue générale, le chœur et la verrière (vers 1954) 55 Fi NC, fonds Pierre Dupont


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  • Vues de l'église Saint-Martin du Manoir-sur-Seine : vue générale, le chœur et la verrière (vers 1954) 55 Fi NC, fonds Pierre Dupont


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1960. Les visites du général de Gaulle

Juillet 1960, le Président de la République est en voyage officiel dans l’Ouest de la France. Le 9 juillet, après un passage à Bernay, il arrive à Évreux. C’est sa première visite depuis ce 8 octobre 1944 où, en héros de la France libre, il était venu arpenter les rues d’Évreux détruite par les bombardements. La même foule compacte l’attend en cette année 1960. De Gaulle a inauguré en effet, des visites officielles d’un genre nouveau : les bains de foule ont remplacé le calme respectueux qui prévalait avec ses prédécesseurs. 

  • Photographies prises lors de la visite officielle du Général de Gaulle à Evreux le 9 juillet 1960 - 1200 W 38, fonds de la préfecture, cabinet du Préfet


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1978. L'atterrissage des aérostiers américains à Miserey

Le jeudi 17 août 1978, une foule de curieux s’amasse aux alentours de la commune de Miserey, pour accueillir un ballon américain. Parti une semaine plus tôt, de l'État du Maine, les aérostiers américains atterrissent dans un champ de pomme de terre. Ils viennent de réussir l’exploit de traverser l’Atlantique en 138 heures, entrant dans la légende et, avec eux, la petite commune de Miserey.

Crédits

Conception et textes : Archives départementales de l'Eure

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