« Mémoire de plusieurs choses assez considérables arrivées à ce monastère de Saint-Taurin et autres ». Ce « mémoire » comprend trois séries de notes : la première, de 1649 à 1651 ; la seconde, de 1697 à 1699 ; la troisième, de 1749 à 1762, plus une note de 1738. On a inscrit sur le dernier feuillet du registre les « noms des amis du monastère », accompagnés de quelques annotations. –« Après le deceds de R. P. en Dieu messire Jaques du Perron, évesque d'Évreux et abbé des abbayes de N. D. de Lyre et S. Taurin, qui arriva le 16 febvrier 1649, monsieur Vautier, premier médecin du Roy Louis XIV, a esté nommé par le Roy à ladite abbaye de S. Taurin, lequel à cause de sa condition de médecin, à ce que l'on croit, n'en a peu obtenir de bulles de Sa Saincteté, et cependant en a toujours jouy par œconomat, sans en prendre possession » (fol. L) ; – notes sur les difficultés survenues entre Gilles Boutault, nommé évêque d'Évreux, et les religieux de Saint Taurin, au sujet des cérémonies traditionnelles de l'entrée de l'évêque dans sa ville épiscopale (165. Fol. 20) ; – id., entre le même évêque et le chapitre de la cathédrale au sujet de la visite de l'église cathédrale : « Le lundi 27e jour de mars 1651, l'heure de la visite estant venue, et tous les corps du clergé assemblez avec croix et banière devant l'église N. D., ils n'y peurent entrer à cause que lesdits sieurs du chapitre tenoient toutes les portes fermées, desquelles ilz s'estoient emparez et assurez dès le soir de peur de surprise, en sorte que personne n'y peut avoir entrée que ceux du corps qui eurent commandement exprez de s'y trouver tous sur peine d'excommunication, tant pour y prester main-forte que pour faire l'office ; et cependant ledit sieur évesque estoit beaucoup en peine comment il s'y prendroit, ayant esté fort surpris de ce procédé et le clergé fort en peine de ce qu'il demeuroit si longtemps dehors à l'injure de temps... » (fol. 3-4) ; – récit du conflit survenu à propos des préséances entre les religieux de Saint-Taurin et les curés des paroisses d'Évreux, à l'occasion de la procession à Saint-Sébastien, le 26 mai 1651 (fol. 5-6) ; –« en 1698, on a fait redorer le chef de Saint-Cyran et on a fait faire trois autres chefs dorés, l'un pour mettre la mâchoire de Saint-Christophe et les deux autres pour mettre deux reliques des Saints Innocens. Le tout coûte, avec les cinq piédestaux peints en noir qui sont sous les cinq chefs, soixante et six livres (fol. 6.), – on a repassé entièrement l'orgue et adjouté ce qui manquait au positif, à sçavoir tous les gros jeux. Il en coûte bien 400 livres » ; –« 1699. Le 12 de juin on a commencé à travailler à la nef pour empescher les premières arcades de tomber et la voulte du bout de la nef. On donne à celui qui a entrepris l'ouvrage douze sols par jour et nourri» ; –« le 9 avril 1749, on a échangé le vieil encensoir d'argent pour un neuf, lequel coûte 540 livres » ; –« en 1743, le R. P. dom Théodore Chevallier, prieur de Saint Taurin, a fait ôter l'ancien grand autel qui n'était que de bois et a fait mettre à la même place un tombeau de marbre qui a coûté d'achapt cinq cents livres, non compris le transport de Rouen à Évreux et les frais de le poser ;– dans la même année, le R. P. prieur a fait venir de la manufacture royale d'Aubusson sept pièces de tapisserie, savoir six pièces qui sont l'histoire de Saint-Jean-Baptiste en grands personnages et une pièce de verdure pour orner le rond-point dans les grandes festes ; les sept pièces ont coûté 532 livres, rendues à Saint-Taurin » ; –« en 1754, le R. P. prieur a fait démonter les basses stalles pour raccommoder les dessous qui estoient consommez. Il a ôté toutes les figures ridicules qui estoient aux dites stalles et les ornemens de sculptures antiques qui en faisoient le couronnement ; il a fait mettre à leur place une corniche moderne qui règne sur toute leur longueur ; le tout a été peint et mis en vernis dans le même temps. Cette dépense, y compris la nourriture des ouvriers, a pu monter à deux cents livres ; – dans la même année, le R. P. prieur a fait démolir, avec l'agréement par écrit des supérieurs majeurs, le jubé de pierre qui séparoit le chœur de la nef et qui coupant l'église en deux par sa hauteur excessive, faisoit un très mauvais effet » ; –« le 12 septembre 1762, on a fait solennellement la translation de deux ossements des reliques de Saint-Taurin, apportés par M. de Marnésia, évêque d'Évreux, de l'abbaye de Gigny, Ces ossemens ont été déposés dans notre église, d'où ils ont été portés solennellement à la cathédrale, pour y rester ».